dimanche 9 décembre 2018

L'atelier reprend...



À partir de début 2019, Marie-Hélène Boulle va proposer des ateliers de pratique de marqueterie Boulle auprès du grand public. Le mercredi pour les enfants, le samedi pour les adultes. « Et même en semaine, s’il y a des demandes », précise-t-elle.

 Ces ateliers, elles les animaient également lorsqu’elle était installée tout près de Paris. « En dix ans, je n’ai pas perdu un seul élève… Les enfants, notamment, adorent, car ce n’est jamais la même chose. » Les cours de 2 h 30 seront proposés au prix de 35 € (ou au forfait), avec la matière première fournie.


Du faubourg st Antoine au château de Fretay 


 L Atelier de Marie-Hélène Poisson,
château de Fretay, 41360 Savigny-sur-Braye. Tél. 06.83.85.66.35.
 Courriel : contact@atelier-mhp.com

Un atelier a la campagne


Au château de Fretay, à Savigny-sur-Braye, Marie-Hélène Poisson restaure des meubles réalisés en marqueterie Boulle, une technique née au XVIIe siècle.





Par son mari, descendant de l’inventeur de la photographie Nicéphore Niépce, elle aurait pu prendre le nom de Niépce. Mais cette artisane de haut vol, qui vient de transférer son activité de Fontenay-sous-Bois vers le château de Fretay à Savigny-sur-Braye, a gardé son nom de jeune fille. Son entreprise a donc pour nom : « atelier Marie-Hélène Poisson ». C’est que son patronyme signifie quelque chose pour les amateurs de meubles anciens. « Mon grand-père faisait de la restauration classique de sièges anciens, puis mon père s’est lancé dans la marqueterie. J’ai pris la suite en continuant à me spécialiser dans la marqueterie Boulle. »





De l’écaille de tortue sur les meubles Une discipline particulière, qui mérite un petit éclairage :

la marqueterie, c’est l’art de réaliser sur fond de menuiserie, un assemblage décoratif avec « des pièces de bois précieux ou d’écaille, d’ivoire », explique le Larousse. La marqueterie Boulle, précisément, peut requérir l’emploi de cuivre, d’étain ou de nacre, mais utilise comme matériaux principaux le laiton et l’écaille de tortue. Travaillée, cette matière prend une teinte entre le rouge et le brun. « C’est l’ébéniste André-Charles Boulle (*) qui a amené cette technique à ce degré de perfectionnement », précise Marie-Hélène Poisson. Aujourd’hui, cette activité requiert une autorisation spéciale. « Je dois faire une déclaration tous les cinq ans pour exploiter l’écaille de tortue. J’ai mon stock, je l’utilise avec parcimonie. Et puis, lors de la restauration, c’est surtout le laiton qu’il faut remplacer, pas l’écaille. » Au sein de son atelier, elle a déjà un an de travail à effectuer. « Il faut trois mois pour sortir un meuble. » Réfection de pièces, polissage, gravure, collage… Les étapes sont longues et minutieuses. Pour la découpe, Marie-Hélène peut compter sur son imposante sauteuse à arbalète, qui date d’il y a plus d’un siècle. « Cette machine a l’avantage d’être très lourde, donc elle ne bouge pas lors de l’utilisation ». Les meubles qu’elle restaure datent parfois du XVIIe ou du XVIIIe siècle, et lui sont envoyés par des institutions ou des collectionneurs. Mais les pièces qui datent du XIXe siècle lui sont souvent confiées par des familles de toutes origines. « Personne ne veut d’un meuble de marqueterie Boulle en mauvais état… Mais lorsqu’il est restauré, on se l’arrache ! »


Marie-Hélène Poisson réalise aussi des créations modernes, comme des coques de smartphone. Elle utilise pour cela des matières comme le galuchat (cuir de raie) le Plexiglas, l’os, ou même la corne de bœuf… « Il y a une infinité de possibilités dans la marqueterie. C’est pour cela qu’on ne s’y ennuie jamais. » Voilà donc un artisanat traditionnel, qui n’est pas près de disparaître. D’autant qu’Aurore Niépce, fille de Marie-Hélène Poisson, a elle aussi décidé de se lancer dans le métier.


 (*) Né en 1642 et mort en 1732.